domingo, 25 de abril de 2010

ESTÉTICA, GRUPO MAÑANAS: ¡Ah! Los problemas del arte contemporáneo, o, ¿qué es el arte? (artículo en francés)








Prière de ne pas caresser les oeuvres d'art !

L'avertissement "Il est interdit de toucher aux oeuvres d'art" a pris tout son sens au Musée d'art moderne de New York (MoMA) avec la rétrospective "Marina Abramovic : The Artist Is Present". Depuis le 14 mars et jusqu'au 31 mai, l'artiste serbe, 63 ans, fait acte de présence aux côtés d'une quarantaine de performers qui se succèdent pour revisiter les quatre décennies de sa carrière, dont la nudité, souvent mise en scène avec rudesse, est l'un des grands thèmes de création.

Pour maîtriser ces conditions particulières d'exposition, les performers se sont retrouvés pendant cinq jours dans la retraite de Marina Abramovic dans l'Hudson Valley, sans pouvoir lire ni parler, et en pratiquant le jeûne. Au programme : bains glacés, mouvements lents et comptage de grains de riz... Manière d'optimiser, de la façon la plus douce, leurs rotations pendant l'exposition, a expliqué Erika Papernik, du MoMA.

Pour le public, Imponderabilia est, de loin, l'oeuvre la plus déconcertante. Cette performance des années 1970 est rejouée par un jeune couple en tenue d'Adam et Eve qui, dans un étroit et immobile vis-à-vis, bloque l'un des accès des visiteurs à une des salles. Pour franchir ce passage ténu, il faut frôler ces corps et leurs sexes aussi vrais que nature. Ce que firent de nombreux visiteurs, femmes et hommes, dont l'un d'eux a, au passage, sciemment caressé l'un des protagonistes.

"Ça te fait plaisir, mon gars !"

"Il a doucement glissé sa main le long de mes côtes, de mon dos, puis m'a touché les fesses, a déclaré, dans le New York Times du 17 avril, Will Rawls, un jeune danseur recruté pour l'occasion. Alors qu'il passait, il m'a fixé du regard et m'a dit : "Ça te fait plaisir, mon gars !""

La sanction n'a pas tardé. L'homme, adhérent du MoMA depuis trente ans, a été aussitôt révoqué et interdit de musée par les responsables de l'établissement, qui n'ont pas souhaité commenter l'affaire ni communiquer l'identité du fautif. Tout en prenant "conscience du défi que représente la présence de performers nus dans les salles d'exposition", ils ont tenu à rappeler que "tout visiteur touchant ou dérangeant" les artistes sera aussitôt expulsé. A ce jour, malgré d'autres atteintes explicites, selon d'autres témoignages d'acteurs de l'exposition et de gardiens, aucune plainte n'a été déposée.

L'affaire a fait grand bruit et nourrit, non sans faire sourire, la chronique artistique de la Grosse Pomme. Certains, tel l'artiste new-yorkais Fred Holland, n'y voient qu'une opération de publicité. Elle suscite aussi d'abondants commentaires sur les forums du Web. "Total non-sens, ironise Vitonmarypat derrière son pseudo sur Silive. com : Vous ne pouvez pas ouvrir une boîte de pizza chaude en plein milieu d'une cohue sans vous attendre à ce que quelqu'un n'en chipe une portion. Allez, les gars !"

Jean-Jacques Larrochelle (à New York)
Article paru dans l'édition du 25.04.10 du journal Le Monde (Paris, Francia)

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